Emilia Perez de Jacques Audiard

Publié le 08/09/2024 - (99 vues)

Un habile mélange entre Breaking Bad, Almodovar et Jacques Demy !

Image de Emilia Perez de Jacques Audiard
Le pitch : Surqualifiée et surexploitée, Rita use de ses talents d’avocate au service d’un gros cabinet plus enclin à blanchir des criminels qu’à servir la justice. Mais une porte de sortie inespérée s’ouvre à elle, aider le chef de cartel Manitas à se retirer des affaires et réaliser le plan qu’il peaufine en secret depuis des années : devenir enfin la femme qu’il a toujours rêvé d’être.

Une mise en scène maîtrisée à la Breaking Bad

Les personnages semblent réels, tangibles, la caméra est là où il faut, dynamique, vivante. Les plans sont ciselés, suivent les personnages et font avancer, implacablement l'intrigue avec une sensation de réalisme qui m'a évoqué les Breaking Bad. Le contexte de narco trafiquants mexicains n'est pas pour rien dans cette réminiscence. On a des plans serrés, des caméras à l'épaules, des scènes d'actions, des ballets, du karaoke, et tout semble fluide et naturel. Un super spectacle à voir au ciné !

Des chansons émouvantes qui font avancer l'intrigue, plus fort que Jacques Demy

Un personnage marmonne, écrit, se répète, cherchant ses mots, il se met à scander une phrase, sa voix devient prosodie, puis mélodie, les sons de la rue deviennent un rythme, finalement, on est embarqué dans un véritable balais de comédie musicale. La dimension "comédie musicale" de ce film est traitée d'une manière très habile, et, au lieu de marquer une pause dans la narration, les moments chantés semblent être une façon très efficace de faire avancer l'intrigue ou de révéler les pensées, les sentiments et les intentions des personnages. Chapeau à Camille qui signe les chansons ! Le final, avec une chanson dont le texte est réécrit pour coller à l'intrigue, sur la musique de la chanson "les passantes" de Georges Brassens, jouée par une fanfare mexicaine est émouvant à souhait !

Une rédemption qui finit mal

Le thème de la rédemption est central dans Emilia Perez. Plutôt que de suivre une trajectoire prévisible vers la rédemption, le film explore les complexités et les ambiguïtés de ce chemin. Le personnage principal, en quête de rédemption, se heurte à des obstacles insurmontables, et il semble que quoi qu'il puisse faire, ses choix le mèneront à une fin tragique. Audiard montre avec brio que la rédemption n'est pas toujours synonyme de salut, et que les bonnes intentions ne suffisent pas toujours à effacer les erreurs du passé.

Un personnage transgenre inattendu et émouvant à la Almodovar


L'un des aspects les plus marquants de Emilia Perez est la présence ( et l'aura) d'un personnage transgenre inattendu et traité avec sensibilité. Ce personnage de prime abord déroutant devient au long du film de plus en plus touchant, questionnant les notions d'identité, de transformation, et de réinvention de soi. Une actrice trans pour jouer un personnage trans... ça peut sembler évident, et pourtant... quel bon choix!

Un tour du monde dans le Val de Marne

Entre le Mexique, les montagnes de Suisse, la Thaïlande avec Bangkok, et Londres, ce long-métrage est un tour du monde captivant réalisé par un metteur en scène français. Tout ça tourné au studio de Bry sur Marne ! Et ça cause espagnol la plupart du temps... Ca y est je n'ai plus mal à ma France, je redeviens fier d'être français !