Missionnaire - les carnets de Joan Sfar

publié le 04/05/2009 - ( 549 vues )

une grosse Bd autobiographique de 227 pages sous forme de carnets de voyage - Delcourt

illustration du texte Missionnaire - les carnets de Joan Sfar Joan Sfar fait des carnets "parceque Lewis fait des carnets"... Et qu'y raconte-il ? Presque rien, comme Lewis Trondheim. C'est un journal pas intime. On apprendra peu sur la vie personnelle de l'auteur, qui parvient à la fois à préserver son intimité et livrer ses pensées et rêveries de manières si directe que l'on a l'impression d'être un proche.

Au contraire de Joe Matt qui livre tous ses travers, et ses détails quotidiens les plus sordides, Joan Sfar semble presque immatériel. On dirait un enfant devenu grand et resté naïf. Ce qui est étonnant, c'est que Joe Matt se dépeint assez minable et attire toute ma sympathie, alors que le côté nunuche et gentillet de Sfar me donne envie de le secouer, de l'engueuler, voire de lui filer des tartes!

Premier voyage : le Japon

Amusant de voir le Japon raconté par les français installés là-bas.
"Ne t'embête pas avec la politesse avec eux, c'est peine perdue ! De toute façons tu passeras pour un barbare !"
Que fait-il là-bas ? Il se le demande... L'auteur parvient à une proximité rarement atteinte avec son lecteur qui se demande lui aussi pourquoi il perd son temps à lire ce livre !

Deuxième voyage : les états-unis

Joan Sfar s'y rend pour se documenter sur un prochain livre, faire une tournée de promotion, rencontrer des gens chez Pixar. Il lit le Comte de Monte Cristo, refuse de sortir sauf pour chercher le second tome. Il fait des conférences en anglais alors qu'il ne maîtrise pas la langue, fait des projets foireux sur une hypothétique série animée. Il critique un livre-outil pour les scénaristes avant de faire son autocritique. Il pleurniche que ses enfants lui manquent. Il se promène avec un violon, puis se rachète un ukulélé...
Il nous livre les premières pages d'un projet inachevé.

Joan Sfar se livre de manière candide, et il n'y a pas grand chose à voir :
tout ou presque est positif, car il ne veut blesser personne, il a l'admiration facile.
Une toute pette altercation est racontée : il se révolte (gentiment) contre une arnaque à touriste. Il passe une soirée arrosée et parvient malgré tout à la dessiner en direct… Est-ce un robot ou un être humain ?

Peut-être que ce carnet est vraiment le reflet de sa vie intime : une vie intime un peu vide, tant son auteur passe son tems à dessiner, à raconter, à lire et à rêver. Une machine. A écrire.