C'est vrai que la télé truque les images ?

Ce livre est un entretien entre Daniel Schneidermann, journaliste, blogueur, directeur du site arrêt sur images, et sa fille, lycéenne de 17 ans.

Ils échangent à partir de questions naïves sur la télé et le journalisme :

- Pourquoi les émissions intéressantes passent-elles à minuit ?
- Pourquoi les magazines font-ils toutes leurs couvertures sur Carla Bruni et les people, même quand ils n’ont rien à dire ?
- Pourquoi TF1 parle-t-elle moins que les autres chaînes de la nocivité des ondes des téléphones portables ?
- Mais pourquoi donc as-tu été renvoyé de la télé ?

On peut donc retrouver avec plaisir Daniel Shneidermann exposer sa vision du métier :
raconter ce qui lui paraît intéressant en misant sur le fait que c'est ce qui intéressera le public
ne s'interdire aucun sujet, aucune question, ne pas rentrer dans la connivence avec les personnages publics.

Pourtant, il est un peu décevant de le retrouver face à un interlocuteur qui le contredit si peu et le tient
en si haute estime, ça manque un peu de piment. Et pour un journaliste qui critique la "peopolisation" des médias, il est malheureux de se faire interviewer par sa fille.

Dans ce livre, on apprend enfin pourquoi Daniel Schneidermann passe sa vie à critiquer les journalistes :
il a été recalé en début de deuxième année d'études, par un examinateur qui, ayant remarqué ses lacunes en sport, lui a demandé une impro sur... Platini! Daniel explique alors qu'il n'a pas voulu rentrer dans ce jeu sadique et a préféré quitter l'école. Quel lâche ! Et depuis, il se venge sur ses camarades diplomés. C'est petit !

On apprend aussi qu'il a publié un roman, sous le pseudonyme de David Serge, pour qu'on n'en parle pas pour de mauvaises raisons... Et voilà que la fausse modestie rencontre l'auto promotion la plus éhontée ! (Et encore, il ne parle pas de Gründlich, paru l'année suivante !)

On a toujours un peu l'impression d'être un pigeon en achetant ce style de livre "d'actualité" (donc vite obsolète), écrit gros, vite lu, et encombrant, mais pourtant je ne regrette pas mes 16€ pour une lecture avide sur 3 jours, avec le plaisir de savourer sur un long texte la plume enthousiasmante de cet observateur critique des médias.

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